1


2


3


4


5


6


7

TROISIEME PARTIE

AMBLE TEUSE , PLACE FORTE DE L'OCCUPATION ANGLAISE

Faisons le point en1532, François 1er est roi de France, Henri VIII roi d'Angleterre, Boulogne est à la France. Calais appartient aux Anglais depuis la guerre de cent Ans.
En Octobre 1532, Henri VIII va de Calais à Boulogne rendre visite à François 1er, qui, au retour, l'accompagne, et tous deux se quittent à Marquise dans les meilleurs termes.
Hélas ! les querelles de religion devaient rallumer la lutte. Henri VIII, ayant embrassé le Protestantisme, déclara la guerre à François 1er en1542,
Les Anglais faisaient des ncursions vers Boulogne, et le massacre des habitants d'Audinghen, réfugiés dans leur église, est resté légendaire.
Finalement, le 4 Juillet 15, la cavalerie anglaise, qui manquait de fourrage à Calais, s'installa à Slack, au bord des pâturages et, le 20 Juillet Henri VIII vint visiter le camp de Slack.
Bientôt, les troupes anglaises occupèrent Ambleteuse même, Dés le 2 Décembre 1543, Lord PAGET, avait proposé de bâtir une citadelle. Celle ci fut bâtie et Ambleteuse devint, selon l'expression d'un chroniqueur, "une place merveilleusement forte.
Je n'ai pas pu me procurer les plans anglais de l'époque, qui sont au British Muséum, mais des plans français ultérieurs, conservés aux archives du Génie de Boulogne, permettent de se rendre compte de ce qu'été les ouvrages fortifiés d'Ambleteuse, et de situer leur emplacement.
On y voit le tort de Slack sur l'emplacement duquel se trouve aujourd'hui le belvédère de M. PLE ; c'était un ouvrage carré, flanqué d'une tour à chaque angle, qui commandait le port et la vallée de La Slack jusqu'à Marquise.
En bordure de mer, un fort carré, l'ancienne tour romaine, qui devait être plus tard agrandi par Vauban.
Enfin, sur le haut du pays s'élevait une importante citadelle en forme d'étoile pentagonale, bordée de fossés profonds. Les cinq bastions se trouvaient respectivement à l'emplacement actuel du chapelle Notre Dame de Mme BERNARD de la GARENNE, propriété des Dames de la "Sagesse",de la villa Sylvie, des jardins des Maisons de la Grand'Rue côté droit en allant vers la mer et du jardin de Mr Gaston GALAND. Le centre de la place se trouvait à l'emplacement de notre monument aux morts,
Les vivres arrivaient par mer à Ambleteuse où, à cet effet, le port avait été creusé, cette occupation devait durer cinq ans.
En 1544, également, malgré la défense héroïque du mayeur EURVIN, les Anglais avaient pris Boulogne.
PLAN DES FORTIFICATIONS ANGLAISES CONSTRUITES DE 1544 à 1548
D'après les relevés effectués par les ingénieurs de Vauban lors de la construction du Port d'Ambleteuse en 1680.
Les ouvrages occupaient toute la rive droite de la Baie de la Slack, dominant le port. La construction en tours et courtines surélevées, sur le modèle des châteaux féodaux, est abandonnée depuis la fin du Moyen Age à cause des progrès de l'artillerie. Il s'agit déjà, ici, du système dit "des fortifications enterrées" que Vauban poussera à la perfection au siècle suivant.
A l'époque, casemates, tranchées et chemins couverts étaient désignés du terme général de "souterrains" dont le sens est maintenant plus restreint, La découverte de ce terme sur des rapports du XVllème siècle a souvent fait croire, de nos jours, à la possibilité de persistance de mystérieuses voies de communication creusées dans les profondeurs du sous sol rocheux, et conduisant on ne sait où. . . Le fait que l'on retrouve, parfois, des fondations et des restes de casemates donne une apparence de vérité à cette légende.
Le traité d'Ardres, du 7 Juin 155 avait mis fin à la guerre, et les Anglais s'étaient engagés à nous rendre Boulogne après paiement, par versements échelonnés, de 800 000 écus, Mais les hostilités avaient repris après l'enlèvement, par les Français, de la jeune reine Marie STUART.
Le 23 Août 159, le roi de France Henri II, arrivé la veille au camp du Pont de Briques se dirige directement vers Ambleteuse en contournant Boulogne et le Mont-Lambert, occupés par les Anglais, L'armée campa sur les hauteurs de Bazinghem.
Dés le lendemain 2, le roi entreprend le siège du Fort de La Slack, occupé par 500 hommes et 22 canons, Vingt cinq pièces de canon commencèrent un intense bombardement, Au bout de 2 heures, les deux capitaines anglais, qui commandaient la garnison, demandèrent à parlementer. Pour faire durer les négociations, le connétable français se mit à entendre la messe et obligea les deux Anglais à y assister à genoux, Pendant ce temps, les Français battaient les murs en brèche et pénétraient dans le fort à la faveur de cette ruse qui, aujourd'hui, nous paraîtrait peu loyale.
Pendant ce temps, l'ennemi avait brûlé la basse ville pour se retirer dans la citadelle, ne laissant qu'une garnison très réduite dans le Fort de la plage, ou Fort Rouge; c'est ce fort que les Français attaquèrent après celui de Slack ; le lieutenant parisien Gilbert QUENTIN fut tué au cours de cette attaque, La garnison anglaise se retira sur la citadelle qu'un souterrain reliait sans doute au fort et les français entrèrent le soir dans celui-ci.
Le lendemain 25 Août, Henri II fit approcher ses troupes de la citadelle où étaient enfermés 1200 Anglais sous le commandement de Lord GREY. Le 26 Août, le roi ordonna le bombardement. Les assiégés ayant refusé de se rendre, les batteries furent doublées et bientôt les Anglais se rendirent.
Pendant qu'on traitait de la capitulation, les Anglais mirent le feu en plusieurs endroits de la ville. Nos troupes entrèrent alors dans celle-ci, et pillèrent les approvisionnements anglais, La garnison anglaise fut autorisée à se retirer, mais sans armes ni bagages, la plupart presque nus, et c'est dans cet appareil qu'elle prit le chemin de Calais.
Dans la citadelle d'Ambleteuse se trouvaient enfermés le bâtard de la Mirandolle, fils de Pic de la Mirandolle, et sa compagnie de mercenaires italiens ; de la Mirandolle qui était au service de la France s'était sauvé la veille à Hardelot, en volant le gain que son père avait réalisé la veille au jeu ; tous ses hommes l'avaient suivi et ils s'étaient rendus aux Anglais, c'est ainsi que sa compagnie et lui se trouvaient à Ambleteuse avec la garnison anglaise pendant le siège, pris avec les Anglais, les mercenaires Italiens furent, sur l'ordre du roi, pendus aux arbres de Raventhun, Seul, de La Mirandolle fut gracié sur les instances de son père, rentré en possession de son trésor.
La prise d'Ambleteuse fut considérée à l'époque comme un glorieux fait d'armes. Dans le triomphe qui fut organisé à l'entrée d'Henri II à Rouen, au mois d'octobre1550, des soldats habillés à l'antique portèrent une maquette des deux forts d'Ambleteuse repris à l'ennemi. Dans le poème qui fut composé à cette occasion, l'auteur put ainsi louer Henri II
Ensuict apres qui veillait a double oeil
Sur vos vaisseaulx l'un et l'autre Ambleteul
Qui ont congnu que peu de resistance
A leur pouvoir contre la juste offence
'(Manuscrit de la Bibliothèque de Rouen, cote V.28, Mém. Soc. Acad. T.XVII p. 459, planches P.468)
Le fort du Gris Nez se rendit en apprenant la reddition d'Ambleteuse, et Henri II put mettre alors le siège devant Boulogne sans risquer d'être pris entre deux feux, ayant au contraire coupé les communications entre la garnison anglaise de Boulogne et celle de Calais,
Le traité de Capécure du 24 Mars 1550 rendait Boulogne à la France, et l'on peut dire que la victoire d'Ambleteuse avait été décisive dans sa conclusion.
Sans doute est-ce à l'occasion de cette victoire que, par lettres patentes de Mars 1550, enregistrées par le Parlement de Paris le 15 Août 1575, le roi Henri II confirma les habitants d'Ambleteuse dans le bénéfice de la charte de 1209 et dans tous leurs privilèges, notamment la jouissance du communal autrefois concédé par Renaud de TRIE, par l'exemption de tous impôts, taille, subsides et emprunts. Le Roi décida en même temps que les sièges de juridiction des baillages de Londefort et de Wissant seraient désormais tenus à Ambleteuse dans un auditoire pour la construction duquel il abandonnait à la commune les profits des lots et ventes pendant six ans.
Le roi avait laissé dans la forteresse d'Ambleteuse une importante garnison sous le commandement de Monseigneur de Chastillon.
Son intention était de s'v installer solidement pour opposer à l'Angleterre une puissante frontière ; il y fit travailler et il écrivait le 6 Juillet 1551 à Messire de Senarpont, gouverneur de Boulogne "afin que j'aie plus de seùreté de l'estat en quoy sont les places d'Ambleteuse et de Blacquenay, allez quelquefois veoir et entendre tant à ce qui se fait à la fortification que l'estat en quoy elles sont et des vivres et autres choses nécessaires à la conservation d'icelles pour m'en donner avis".
Mais en1552, la forteresse d'Ambleteuse faillit être reprise par le Gouverneur de Calais.
Celà montra sans doute la difficulté de la garder en raison de son isolement, et le roi ordonna, en1554 d'en détruire les fortifications. De cette époque date le démantèlement de notre place.
En Janvier 1558, après la prise de Noyon, par Philippe II, François de Guise, pour opérer une diversion attaque Calais. Quarante vaisseaux avaient débarqué des munitions, des fascinas et des échelles à Ambleteuse, Calais capitula le 23 Janvier 1558.
Henri II proposa à la reine d'Angleterre de réunir des parlementaires à Ambleteuse pour conclure une paix durable. Mais, c'est au Cateau-Cambrésis que fut signée celle-ci, qui rendait Calais à la
France (3 Avril 1559).
L'histoire militaire d'Ambleteuse était terminée.
Pièces d'Artillerie du XII ème Siècle. A gauche, CANON, pièce sur affût mobile effectuant un tir à trajectoire tendue, portée 1km au maximum , envoyant des boulets pleins en fonte pour ouvrir des brèches dans les remparts, ou des charges de balles et de mitraille "pour le personnel".
A droite. MORTIER, pièce à trajectoire plongeante pour tirer par dessus les remparts. Etait montée sur place, à poste fixe; envoyait de gros boulets de pierre et des bombes en fonte, creuses et remplies de poudre et de mitraille, explosant à l'arrivée grâce à une mèche allumée au départ. Le boulet de pierre disparut vers cette époque; contrairement à ce que l'on croit souvent, ces engins faisaient des dégâts importants : la prise d'Ambleteuse fut d'ailleurs uniquement une opération d'artillerie.
Ces deux types de pièces, se chargeant par la bouche, subsistèrent dans leur forme générale jusqu'à la fin du premier empire. Les progrès effectués au XVII éme et au XVIII éme siècles portèrent surtout sur les techniques de fabrication, les calculs de trajectoires, la standardisation des calibres et des pièces de rechange (appelée en France "système Gribeauval") et les statuts. Administratifs des régiments d'artillerie : en effet, à cette époque, l'artillerie était manipulée par des artilleurs à gages, employés du fabricant des pièces, et non par les militaires.


1


2


3


4


5


6


7